Résidence CAMINANTES 15-23 janvier 2022 à Valdivia (Chili)

Par Valentina Morales y Pau Arán
idée originale : Valentina Morales y Damiano Ottavio Bigi
Production : Patricia Campos
Identité graphique : Hugo Cordeau
Presse et communication : Nicolás Poblete
Audiovisuel : Francisco Ríos

Dès nos premiers pas dans la vie et dans le monde, dès le premier rapport à nos déplacements et trajectoires, « marcher » est un geste que nous ne cesserons de travailler, d’explorer, de questionner et de réapprendre. Un geste en constante évolution qui va au-delà d’un simple transfert dans l’espace.

La résidence « Caminantes » a eu lieu entre le 15 et le 23 janvier 2022, dans le Parc Urbain de la ville de Valdivia avec Pau Arán, Valentina Morales et réalisée par Patricia Campos. Pendant sept jours, nous nous sommes réuni.e.s pour danser dehors, sous les arbres, entourés des espèces végétales et animales de ce lieu récupéré et entretenu grâce à la demande de toute la communauté du secteur. Le parc nous accueillait chaque matin, devenant un espace de danse et de réflexion. Nous avons dansé et nous nous sommes entraînés : nous avons levé nos mains qui se sont séparées de nos corps comme des oiseaux, nous avons saisi les arbres et les avons étreints, nous avons traversé des passages et des chemins, nous avons senti l’arôme des feuilles se dégager à chacun de nos pas, nous avons reçu les gouttes de la pluie magique de Valdivia alors que nous réveillions nos corps en saluant le soleil. C’est ainsi que nous transformons et sommes transformés par cet espace. Les après-midi, notre atelier de création pratique-théorique nous a amenés à proposer des pistes d’appréhension de la marche de la chorégraphie et dans une perspective interdisciplinaire. Il nous a également emmenés dans des circuits de marches aux abords d’autres endroits de la ville, comme les places publiques qui entouraient le parc ou à l’intérieur de la zone humide d’Angachilla. Nos corps ont pris conscience du drame des zones humides en péril à Valdivia, menacées par les routes et remplies d’ordures et de ciment, pour supporter l’excès de construction immobilière. Son combat est aussi devenu le nôtre. Chacun.e de nous a contribué à ce cheminement : chaque geste, chaque idée, chaque regard et chaque respiration ont participé à la préparation de nos « portes ouvertes ». Le dernier jour de la résidence, nous avons présenté une danse ouverte à la communauté de Valdivia et ses environs, où le public a marché, dansé, s’est ému avec nous et a partagé, sous la pluie, avec sincérité et affection, son point de vue et ses empreintes.

«Caminantes», a constitué une résidence formatrice et créative qui a donné à ses participant.e.s des outils pour fusionner mouvement, réflexion et observation profonde de l’environnement. De là, leurs propres itinéraires ont émergé, externes et internes, devenant une avancée non seulement physique, mais aussi métaphorique, de ce qui pourrait être une expérience fondamentale, pour se comprendre et se retrouver en mouvement. L’environnement, de cette manière, n’était pas seulement une scène qui, comme un rideau, ornait ces gestes, mais aussi la motivation à partir de laquelle la création est née.

« Caminantes » a invité et réuni une communauté d’artistes qui nous ont accompagnés dans ce voyage, signifiant une motivation pour continuer à enquêter sur les gestes de la vie quotidienne, une invitation à nous observer à partir de ce que nous avons en commun et du paysage que nous partageons. Nous espérons que cela a été le début d’une longue collaboration d’artistes de danse de Valdivia et d’autres régions du Chili vers l’insistance permanente de valoriser notre territoire, dans lequel et à travers lequel nous avons marché ensemble.

Ainsi, il a été question de « commencer à marcher », comme l’écrit Octavio Paz :

Où aller ? Dehors ou dedans, peu importe : à travers les rues de notre ville, peuplées de fantômes comme nous, ou à travers les places imaginaires des rêves, traversées les yeux fermés, évanouies dans la lumière froide de l’aube.

Octavio Paz, « La pantalla, el altar y la plaza », El País, 23 de marzo de 1994. 

Un grand merci à chaque Caminante qui a participé à cette marche !

Neschmey Stagnaro, Camila Godoy, Isidora Cárcamo, Angela Rojas Kuschel, Lucas Sáez, Daniela Schönffeldt, Javiera Araya, Amalia González, Ignacio Montenegro, Paz Gatica, Paulina Rosso, Javiera Briones, Angie Müller, José Manuel Muñoz, Francisca Barrientos, María Jesús Calderón, Paula Guzmán, Nina Gallardo, Paula Pugín, Belén Cárdenas, Natalia Ulloa, Fernanda Coloma, Matilde Corvalán, Isabel Pino, Cristobal Mc Intosh, Daniella Gatica